Côte d’Ivoire : voici un bon moyen pour avoir l’eau potable (1)

5 janvier 2015

Côte d’Ivoire : voici un bon moyen pour avoir l’eau potable (1)

Avoir de l'eau potable est de plus en lus difficile en Côte d'Ivoire.
Avoir de l’eau potable est de plus en lus difficile en Côte d’Ivoire.

Depuis quelques temps, les pénuries d’eau sont le quotidien des populations abidjanaises. En effet, de  Yopougon à Cocody, de Port-Bouët à Abobo, il est difficile de trouver aujourd’hui une commune de la capitale économique ivoirienne qui ne soit confrontée à ces pénuries intempestives.

Ainsi donc, aussi bien les quartiers cossus que les cités populaires ou les zones d’habitations précaires connaissent tous ce problème. C’est actuellement, pour ainsi dire, l’une des choses les mieux partagées dans la perle des lagunes. Et, en vérité, cette situation hydraulique est loin d’être l’apanage de la seule ville d’Abidjan, car elle est connue par la quasi-totalité des autres localités de Côte d’ivoire.

Cette réalité a pour conséquence d’ajouter un autre volet à « la priorité des priorités » que le Président de la République dit s’être fixé depuis l’année 2013 : la santé. Peut-il se trouver encore une seule personne qui ignore les liens entre celle-ci et l’eau ? Ne savons-nous pas tous déjà que la mauvaise qualité de l’eau est cause de multiples maladies ? Que quiconque fait mine de ne pas le savoir songe seulement au choléra, à la dysenterie, au ver de guinée, entre innombrables autres problèmes sanitaires que peut causer l’eau impure. Les chiffres que fournit l’OMS sur ce sujet permettent de se figurer la quantité de ces pathologies. Selon cet organisme onusien, ce sont plus de 80% des maladies qui sont d’origine hydrique.

A l’inverse, quand l’eau est de bonne qualité, quand elle est potable, elle est, pourrait-on dire, le premier médicament de l’homme. Prenons l’exemple de la drépanocytose pour nous en convaincre : une consommation quotidienne d’1,5 litre d’eau en moyenne a pour effet de faciliter la circulation de l’oxygène dans le sang ; chose qui  est de nature à dissiper le débuts des crises qui émaillent la vie du drépanocytaire.

 Il est donc plus qu’évident que la santé de tout homme est fonction de l’eau qu’il consomme. Ce lien se conçoit d’autant plus aisément que l’accès à l’eau potable est, tout comme la santé, l’un des droits fondamentaux de l’être humain. En effet, depuis le 28 juillet 2010, l’Assemblée Générale des Nations Unies a voté une résolution dite A/64/L.63/Rev.1, présentée par la Bolivie, qui reconnait cela comme un des droits inaliénables de l’homme. Il est si fondamental qu’au Royaume Uni par exemple, le Parlement a adopté, en 1999 déjà, le Water Industry Act, une loi interdisant les coupures d’eau dans les ménages. Dans cette logique, les compteurs à prépaiement, l’un de ces principes étant la rupture automatique de l’approvisionnement en eau en cas de non rechargement, ont été déclarés illégaux.

Mais, pourquoi mît-on tout ce temps à faire explicitement de l’accès à l’eau potable un droit humain inaliénable, puisque plus de 50 ans sépare la résolution A/64/L.63/Rev.1 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme adoptée le 10 décembre 1948. La raison de ce plus de demi-siècle d’écart est la suivante : le droit à l’eau potable est implicite à plusieurs autres droits énoncés dans la Charte des droits humains. Les droits à la vie, à la santé, à un niveau de vie suffisante, à l’alimentation, etc. que proclame cette Charte, ne le suggère-t-il pas en en effet ? La transversalité du droit à l’eau est si vrai que même l’UNESCO, l’institution internationale qui, pourtant, est en charge de l’éducation, la science et la culture dans le monde, s’en mêle en stipulant que le développement durable est inimaginable sans accès à l’eau potable. Il y a encore que ce droit  est évoqué un peu plus clairement dans la Convention sur l’Elimination de toutes les formes de discriminations à l’Egard des Femmes (CEDEF) de 1979, et dans la Convention relative aux droits de l’enfant de 1989. Dans cette mesure, la mise en œuvre effective de la plupart des droits universels devrait suffire à garantir le droit à l’accès à l’eau potable… à suivre.

@yaokjmarc1

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