Côte d’Ivoire : terre d’espérance, îlot de tolérance

1 décembre 2014

Côte d’Ivoire : terre d’espérance, îlot de tolérance

L’Institut de recherche américain PEW, spécialisé dans les enquêtes sur les religions a publié, le 4 avril 2014, un rapport classant 232 pays – dont 51 Etats africains –  selon un Indice de diversité religieuse (Idr). Suivant cet indice, plus les groupes religieux présents dans un pays sont variés et de tailles proportionnellement équivalentes, mieux ce pays est noté.

Les pays africains s’en sortent très bien dans cette arithmétique. C’est surtout notre sous-région qui occupe un rang plus qu’honorable dans ce palmarès des plus vertueux. En effet, la Guinée Bissau, le Togo et la Côte d’Ivoire, les trois premiers africains, se classent respectivement 5è, 6è et 7è mondiaux.

Ainsi, notre pays passe pour l’un des ténors de la diversité religieuse dans le monde. Quoi de plus normal, son hymne national ne le proclame-t-il pas« terre d’espérance » ? Comme il passe également pour l’un des champions d’Afrique de la tolérance à l’égard des homosexuels, on aurait pu aisément voir une relation de cause à effet entre ces deux positions si Singapour et le Togo, qui le devancent dans l’Idr, n’étaient parmi les 76 pays dans le monde réprimant l’homosexualité. C’est plutôt analytiquement que se comprend que, puisqu’elle se veut terre d’espérance, la Côte d’Ivoire est destinée à être patrie de tolérance afin de parvenir à l’union à laquelle sa devise républicaine l’appelle.

L’espérance est l’une des trois vertus théologales. Celles-ci sont complémentaires. En d’autres termes, quand bien même chacune d’elles est absolument nécessaire, aucune n’est suffisante. Ainsi, qui veut accomplir une vie qui plaise au Créateur, lui qui est plénitude, doit les manifester toutes. En plus de la foi, l’espérance s’accompagne de la charité, vertu qui consiste à avoir de la bonté pour le genre humain, autant dire à aimer tout homme. Plus profondément, il s’agit de voir qu’«en tout homme brille l’image de Dieu».Terre d’espérance, la Côte d’Ivoire ne peut, par conséquent, qu’être terre de charité, terre où tous les hommes sont aimés quels qu’ils soient.

Il est donc logique que notre pays, et c’est tout à son honneur, tolère les différences entre les hommes, les homosexuels y compris. La caricature homophobe fait pourtant une analogie avec Sodome et Gomorrhe, comme si on était en théocratie. Tout de même curieux qu’on se borne à l’Ancien Testament quand on veut se servir du christianisme pour un faste de piété. Ne sait-on pas que l’essentiel de la Doctrine du Christ se trouve dans le Nouveau Testament, la nouvelle alliance révélant l’ultime vérité divine : l’Amour ? Or, dans cette partie de la Bible est expliqué que Jésus était particulièrement confronté aux Scribes et aux Pharisiens, des gens tellement rigides d’esprit qu’ils dénonçaient même le bien quand il était fait le jour du Sabbat. Ils aimaient à critiquer le Christ quand il mangeait avec les gens de mauvaise vie, quand il conversait avec les prostituées, quand il était en compagnie de ces pécheurs publics qu’étaient les publicains… Le Christ s’oppose à ces gens à la condamnation un peu trop facile ; car habile dialecticien, il sait par exemple qu’on finirait tous aveugles à appliquer la loi qui veut qu’œil soit rendu pour œil, cette loi toujours prônée par ceux qui lisent les Livres saints sans esprit. Les Scribes et les Pharisiens sont de ceux-là. Le Fils-de-Dieu leur prédît alors pire sort que celui de Sodome et Gomorrhe, au jugement dernier. C’est dire que ce qui insupporte par dessus tout au Christ, c’est le sectarisme et ses apôtres. Mgr Desmund Tutu l’a parfaitement compris comme il dit : « Je ne louerais pas un Dieu homophobe ».

Sectarisme : c’est ce que nous faisons quand nous discriminons les homosexuels ou quand nous leur faisons subir toutes sortes de traitement inhumains et dégradants. Et nous sommes apôtres du sectarisme lorsque nous parlons des homosexuels comme s’ils n’étaient pas aussi des hommes.

En fait, dans le débat actuel sur les droits des homosexuels, la véritable problématique, souvent dévoyée, est celle-ci : que l’homosexualité soit contraire ou non aux cultures africaines, il est indéniable qu’il y a aujourd’hui des homosexuels (Africains) en Afrique. La question capitale est donc la suivante : que doit-on faire des homosexuels qui sont dans nos sociétés ? Construire des chambres à gaz pour les exterminer comme au temps de la Shoah ? Ou peut-être voudrait-on les séparer de leurs concitoyens comme sous le régime de l’Apartheid ? Evidemment, l’humanité a atteint un niveau de civilisation qui ne s’accommode guère de ce genre de spectacle. Aussi, a-t-elle fait de la protection des minorités et des personnes vulnérables, une de ses valeurs irréfragables.

Comment protéger une minorité ? Tel est au fond, le véritable enjeu de la promotion des droits des homosexuels, cette minorité sexuelle, qui fait tant de vagues en Afrique. Gandhi disait qu’« une civilisation se juge à la façon dont elle traite ses minorités ». Le seul traitement convenable à des hommes, c’est de les intégrer dans la société des hommes. Et la place qu’on doit leur y accorder ne peut être inégale à celle des autres hommes puisque « Tous les hommes sont égaux en dignité et en droits ». L’Etat ivoirien doit savoir veiller à cela, tout comme chaque habitant de Côte d’Ivoire doit s’appliquer à ce que ce pays soit îlot de tolérance afin que s’accomplisse toujours sa vocation de terre d’espérance.

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